Dimanche 7 mars – 3ème dimanche du Carême : homélie du Père Marc Dumoulin, Vicaire
Chers Frères et Sœurs, chers Amis,
En ce troisième dimanche de Carême, l’Eglise nous donne à méditer le passage où, dans l’Évangile, Jésus chasse les marchands du Temple, un évènement appelé parfois aussi : la purification du Temple.
Imaginons la scène. Le Temple de Jérusalem était alors une construction gigantesque, équivalant à environ neuf fois la basilique Saint-Pierre de Rome. Il était organisé en plusieurs parvis. Pour les juifs de l’époque, c’était le lieu de la présence de Dieu parmi son peuple. Il était demandé de s’y rendre trois fois par an, en particulier lors de la fête de Pâque, et d’y acquérir des animaux à offrir en sacrifice, chacun selon ses moyens : des bœufs, des brebis ou des colombes, ce qui donnait lieu à un commerce lucratif et à un grand brassage d’argent.
Mettons-nous un instant dans la peau de ces marchands du Temple. Ils exerçaient leurs activités, sans doute de bonne foi et en bonne conscience, estimant que grâce à eux, la vitalité du sanctuaire était assurée. Sûrement pensaient-ils contribuer par leurs activités à la bonne tenue du culte divin et à l’édification religieuse du peuple. Bref, ils considéraient qu’ils y avaient toute leur place.
Mais Jésus ne l’entend pas ainsi, et il va même jusqu’à tresser un fouet avec des cordes pour chasser du Temple animaux, marchands et changeurs, ajoutant la parole au geste en disant : Cessez de faire de la maison de mon Père une maison de commerce.
Ce jour là, Jésus ne se sera pas fait que des amis.
Mais cela ne nous renvoie-t-il pas aussi à ce que nous-mêmes, nous faisons dans notre propre Eglise et à la charge que nous y remplissons ? Que venons-nous faire à l’Eglise ? Que voulons-nous faire avec elle ? Y venons-nous satisfaire un appétit liturgique, un besoin d’être avec d’autres parce qu’il nous fait bon être ensemble ? Venons-nous y glorifier nos initiatives, nos bonnes actions, tout ce qui flatte notre bonne conscience ? Ou bien, comme semble nous y appeler le Seigneur, cherchons-nous plutôt à nous tenir en vérité devant le Père, à l’invitation du Fils, hors de tout intérêt et de tout amour propre ?
Allons plus loin. En voyant le comportement de Jésus, les juifs lui demandent un signe montrant pourquoi il fait cela. Et Jésus transporte les juifs de cet immense sanctuaire qui nécessita quarante-six ans de travaux, vers un autre sanctuaire qu’il relèvera en trois jours. Le sanctuaire de son corps. Le corps de Jésus comme véritable sanctuaire, un corps qui se réveillera d’entre les morts, et qui nous renvoie à notre propre corps. Notre propre cœur.
Lorsque nous pénétrons notre cœur, n’y trouvons-nous pas des choses qui ne vont pas, des choses pas bien, de l’égoïsme, de l’orgueil, de l’envie, des jalousies, comme Jésus avait lui-même trouvé, au Temple de Jérusalem, la souillure du commerce et de l’affairisme ?
L’Évangile dit en terminant que Jésus ne se fiait pas à eux parce qu’il les connaissait tous, et il connaissait ce qu’il y a dans l’homme. Alors, nous tous, ouvrons donc ce cœur, notre cœur, au Seigneur, et demandons lui :
Seigneur, est-ce que tu te fies à moi ? Comment t’ouvrirais-je la porte de mon cœur pour que tu le nettoies et le purifies ? Comme tu as purifié le Temple de Jérusalem, viens aussi nettoyer mon cœur. Qu’il ne soit plus le sanctuaire des intérêts mesquins. Comme tu fis un fouet avec des cordes, viens me fouetter à mon tour de ta miséricorde. Alors, Seigneur, me connaissant de l’intérieur et par amour, par cet amour tu me rendras enfin fiable pour toi. Nous construirons un Temple digne de toi. Temple de chair, non plus de pierres, où toi, Seigneur, tu te sentiras vraiment chez toi.
Voilà une résolution tout à fait encourageante pour ce temps de Carême. Une résolution d’alliance, une résolution d’amour.
Amen.
Jean 2, 13-25
Comme la Pâque juive était proche, Jésus monta à Jérusalem. Dans le Temple, il trouva installés les marchands de bœufs, de brebis et de colombes, et les changeurs. Il fit un fouet avec des cordes, et les chassa tous du Temple, ainsi que les brebis et les bœufs ; il jeta par terre la monnaie des changeurs, renversa leurs comptoirs, et dit aux marchands de colombes : « Enlevez cela d’ici. Cessez de faire de la maison de mon Père une maison de commerce. » Ses disciples se rappelèrent qu’il est écrit : L’amour de ta maison fera mon tourment. Des Juifs l’interpellèrent : « Quel signe peux-tu nous donner pour agir ainsi ? » Jésus leur répondit : « Détruisez ce sanctuaire, et en trois jours je le relèverai. » Les Juifs lui répliquèrent : « Il a fallu quarante-six ans pour bâtir ce sanctuaire, et toi, en trois jours tu le relèverais ! » Mais lui parlait du sanctuaire de son corps. Aussi, quand il se réveilla d’entre les morts, ses disciples se rappelèrent qu’il avait dit cela ; ils crurent à l’Écriture et à la parole que Jésus avait dite. Pendant qu’il était à Jérusalem pour la fête de la Pâque, beaucoup crurent en son nom, à la vue des signes qu’il accomplissait. Jésus, lui, ne se fiait pas à eux, parce qu’il les connaissait tous et n’avait besoin d’aucun témoignage sur l’homme ; lui-même, en effet, connaissait ce qu’il y a dans l’homme.