Dimanche 7 mars – Homélie du Père Marc Dumoulin à l’occasion du 1er scrutin de Saloni et d’Anaïs
Chers Frères et Sœurs,
Chers Catéchumènes et Accompagnateurs,
À midi, l’heure la plus chaude du jour, Jésus fatigué par la route, s’assied au bord d’un puits où arrive bientôt une femme samaritaine pour puiser de l’eau. Jésus lui demande : Donne-moi à boire. Nous sommes heureux de célébrer ce matin, avec la communauté paroissiale, le premier scrutin vers le baptême que recevront bientôt Anaïs et Saloni. Elles ont été appelées, l’une et l’autre, voici quinze jours, lors de l’appel décisif, en la cathédrale Notre-Dame de Créteil, avec celles et ceux qui, en notre église du Val-de-Marne, seront baptisés à la veillée pascale.
Les catéchumènes ressemblent souvent à cette femme de Samarie venant puiser de l’eau au puits de Jacob. Ils se présentent à l’Eglise, et voilà qu’ils s’entendent dire par le Seigneur : Donne-moi à boire. Ils pensaient être animés d’un grand désir, et bientôt ils découvrent qu’ils sont davantage désirés qu’ils ne désirent eux-mêmes. Ils pensaient boire à la source d’une eau qui désaltère, et à cette source, quelqu’un leur demande à boire. Ce n’est pas le moindre des saisissements que réserve la foi, de découvrir que le désir qu’éprouve Jésus envers chacun de nous dépasse sans limite le désir que chacun ressent pour lui.
La Samaritaine vient puiser l’eau qui désaltère au puits de Jacob. Et Jésus lui révèle bientôt toutes les soifs qui dictent sa vie : soif d’une eau qui étanche ; soif d’un amour comme en témoignent les cinq maris qu’elle a connus, et le sixième avec qui elle vit sans qu’il soit son mari ; soif de Dieu enfin, qu’elle désire adorer au bon endroit, ignorant si c’est à la montagne de Samarie ou à Jérusalem.
La rencontre de Jésus bouleverse sa vie : Jésus lui demandait l’eau du puits, et lui-même lui donnera l’eau vive qui apaise toute soif. Avant de voir Jésus, la femme avait connu six hommes. Jésus, suprême époux, deviendra le septième, du chiffre sept qui désigne la perfection dans l’Ecriture. Elle se demandait s’il convenait d’adorer le Seigneur Dieu ici, en Samarie, ou là-bas, à Jérusalem. Jésus lui révèle que la foi en Dieu ne dépend plus d’un lieu donné, sinon de ce sanctuaire sacré qu’est le cœur de l’homme, là où le Seigneur vient rencontrer chacun au plus intime.
Lorsque la Samaritaine comprit ce qu’elle venait de recevoir de Jésus : eau qui désaltère, amour qui ne déçoit pas, et vie en Dieu, il est dit qu’elle laissa là sa cruche pour courir en témoigner auprès des gens de la ville, ne pouvant plus garder pour elle seule toutes ces grâces reçues.
Chers Catéchumènes, chers Amis, cette rencontre de la Samaritaine ne ressemble-t-elle pas à votre rencontre du Seigneur ? Sur votre chemin, vous pensiez trouver réponses à vos questions et vous avez bientôt découvert bien mieux qu’une réponse : Jésus lui-même qui se donne à vous. Il calme notre soif. Il nous aime mieux que quiconque ne nous aimera dans notre vie. Il nous donne de connaître Dieu son Père, et la vie éternelle à ceux qui consentent à l’accueillir.
Alors, chers Amis, vous aussi, comme la Samaritaine, laissez-là votre cruche. Ne craignez pas d’être les témoins émerveillés de tout ce que vous avez reçu du Seigneur. Vous savez comme notre monde a besoin d’être désaltéré. Combien chacun, chacune a besoin d’être aimé. Et quelle paix, quelle joie et quelle force d’aimer donne la rencontre du Seigneur, jusqu’à pouvoir aimer ceux qui ne nous aiment pas.
Avec la Samaritaine, vous pourrez bientôt dire : Il m’a dit tout ce que j’ai fait ! Non pas à la façon de Big Brother surveillant nos faits et gestes, mais parce que la moindre de nos respirations, le plus ténu de nos cheveux sont aimés du Seigneur. Ne l’oubliez jamais, ne l’abandonnez pas, il vous emmènera au festin nuptial des noces éternelles et il sera pour vous l’époux tant attendu. Que le Seigneur bien-aimé vous accompagne de sa miséricorde jusqu’au jour de votre baptême où, au-delà de toute mort, il nous fera vivre de sa résurrection.
Amen.
Jean 4, 5-42
En ce temps-là, Jésus arriva à une ville de Samarie, appelée Sykar, près du terrain que Jacob avait donné à son fils Joseph. Là se trouvait le puits de Jacob. Jésus, fatigué par la route, s’était donc assis près de la source. C’était la sixième heure, environ midi. Arrive une femme de Samarie, qui venait puiser de l’eau. Jésus lui dit : « Donne-moi à boire. » En effet, ses disciples étaient partis à la ville pour acheter des provisions. La Samaritaine lui dit : « Comment ! Toi, un Juif, tu me demandes à boire, à moi, une Samaritaine ? » En effet, les Juifs ne fréquentent pas les Samaritains. Jésus lui répondit : « Si tu savais le don de Dieu et qui est celui qui te dit : ‘Donne-moi à boire’, c’est toi qui lui aurais demandé, et il t’aurait donné de l’eau vive. » Elle lui dit : « Seigneur, tu n’as rien pour puiser, et le puits est profond. D’où as-tu donc cette eau vive ? Serais-tu plus grand que notre père Jacob qui nous a donné ce puits, et qui en a bu lui-même, avec ses fils et ses bêtes ? » Jésus lui répondit : « Quiconque boit de cette eau aura de nouveau soif ; mais celui qui boira de l’eau que moi je lui donnerai n’aura plus jamais soif ; et l’eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d’eau jaillissant pour la vie éternelle. » La femme lui dit : « Seigneur, donne-moi de cette eau, que je n’aie plus soif, et que je n’aie plus à venir ici pour puiser. Jésus lui dit : « Va, appelle ton mari, et reviens. » La femme répliqua : « Je n’ai pas de mari. » Jésus reprit : « Tu as raison de dire que tu n’as pas de mari : des maris, tu en a eu cinq, et celui que tu as maintenant n’est pas ton mari ; là, tu dis vrai. » La femme lui dit : Je vois que tu es un prophète !… Eh bien ! Nos pères ont adoré sur la montagne qui est là, et vous, les Juifs, vous dites que le lieu où il faut adorer est à Jérusalem. » Jésus lui dit : « Femme, crois-moi : l’heure vient où vous n’irez plus ni sur cette montagne ni à Jérusalem pour adorer le Père. Vous, vous adorez ce que vous ne connaissez pas ; nous, nous adorons ce que nous connaissons, car le salut vient des Juifs. Mais l’heure vient – et c’est maintenant – où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et vérité : tels sont les adorateurs que recherche le Père. Dieu est esprit, et ceux qui l’adorent, c’est en esprit et vérité qu’ils doivent l’adorer. » La femme lui dit : « Je sais qu’il vient, le Messie, celui qu’on appelle Christ. Quand il viendra, c’est lui qui nous fera connaître toutes choses. » Jésus lui dit : « Je le suis, moi qui te parle. » À ce moment-là, ses disciples arrivèrent ; ils étaient surpris de le voir parler avec une femme. Pourtant, aucun ne lui dit : « Que cherches-tu ? » ou bien : « Pourquoi parles-tu avec elle ? » La femme, laissant là sa cruche, revint à la ville et dit aux gens : « Venez voir un homme qui m’a dit tout ce que j’ai fait. Ne serait-il pas le Christ ? » Ils sortirent de la ville, et ils se dirigeaient vers lui. Entre-temps, les disciples l’appelaient : « Rabbi, viens manger. » Mais il répondit : « Pour moi, j’ai de quoi manger : c’est une nourriture que vous ne connaissez pas. » Les disciples se disaient entre eux : « Quelqu’un lui aurait-il apporté à manger ? » Jésus leur dit : « Ma nourriture, c’est de faire la volonté de Celui qui m’a envoyé et d’accomplir son œuvre. Ne dites-vous pas : “Encore quatre mois et ce sera la moisson” ? Et moi, je vous dis : Levez les yeux et regardez les champs déjà dorés pour la moisson. Dès maintenant, le moissonneur reçoit son salaire : il récolte du fruit pour la vie éternelle, si bien que le semeur se réjouit en même temps que le moissonneur. Il est bien vrai, le dicton : “L’un sème, l’autre moissonne.” Je vous ai envoyés moissonner ce qui ne vous a coûté aucun effort ; d’autres ont fait l’effort, et vous en avez bénéficié. » Beaucoup de Samaritains de cette ville crurent en Jésus à cause de la parole de la femme qui rendait ce témoignage : « Il m’a dit tout ce que j’ai fait. » Lorsqu’ils arrivèrent auprès de lui, ils l’invitèrent à demeurer chez eux. Il y demeura deux jours. Ils furent encore beaucoup plus nombreux à croire à cause de sa parole à lui, et ils disaient à la femme : « Ce n’est plus à cause de ce que tu nous as dit que nous croyons : nous-mêmes, nous l’avons entendu, et nous savons que c’est vraiment lui le Sauveur du monde. »