Dimanche de Pâques, 4 avril : Homélie du Père Jérôme Thuault.
« Jésus est ressuscité ! » ce sont les paroles que nous avons entendues dans l’évangile tôt ce matin, à la messe de la Vigile pascale ; des paroles prononcées par un jeune homme vêtu de blanc – un ange – aux femmes qui s’étaient rendues au tombeau pour embaumer le corps de Jésus. Dans le passage correspondant de l’Evangile de Jean, personne ne dit aux amis de Jésus pourquoi le tombeau est vide, mais ils le comprennent par eux-mêmes. Jean, étant entré dans le tombeau vit et crut. Il s’était rappelé les paroles de Jésus, il comprit que le Seigneur était vraiment ressuscité.
De grand matin
Cette découverte de la résurrection du Seigneur s’est produite de grand matin. Cette année, en raison du couvre-feu qui nous a empêchés de nous réunir à la tombée de la nuit, nous avons fait nous aussi l’expérience du grand matin !
Marie-Madeleine s’était rendue au tombeau de Jésus pour se recueillir, mais aussi pour accomplir une tâche urgente : prendre soin du corps du Seigneur, le parfumer. En effet, les gestes d’amour ne peuvent pas être différés : ils ont toujours un caractère urgent. Précisément, du fait de son amour profond pour le Seigneur, Marie Madeleine fut la première à se rendre au tombeau et la première à être témoin de la Résurrection. Les autres disciples, dont le cœur était moins brûlant d’amour, apprirent plus tard la grande nouvelle.
En ce jour de Pâques, nous avons voulu être des disciples pleins d’amour en nous levant tôt pour entendre ensemble la nouvelle bouleversante de la Résurrection. Et nous avons convoqué les cinq jeunes femmes qui se sont préparées, depuis deux ans, à recevoir le baptême car elles aussi avaient un événement particulier à vivre ce matin ! Aujourd’hui, le Christ les a fait renaître de l’eau et de l’Esprit, il leur accorde sa grâce en abondance. Tout cela, nous l’avons vécu de grand matin, tandis que la ville dormait encore, tandis que beaucoup– quel que soit l’horaire – restent plongés dans le sommeil : un sommeil dû à l’indifférence, la peur ou le fatalisme. Pour nous, ce matin, il y a une bonne nouvelle à accueillir au plus profond de notre être, une grande nouvelle qui nous accompagnera tout au long de ce jour de Pâques, et même au-delà. Car rien ne doit nous détourner cet événement ; rien ne doit venir miner notre foi. Sans le témoignage de Marie-Madeleine, de Pierre et Jean, celui des apôtres notre foi serait vaine ; l’Eglise n’existerait pas ; le Dieu de Jésus ne serait pas crédible !
Une chaîne de témoins
Cet évangile de la Résurrection, et ceux que nous entendrons tout au long de la semaine, font apparaître une longue chaîne de témoins, qui ont vu le tombeau vide – pour certains – rencontré Jésus resuscité, ont parlé avec lui, ont marché avec lui sur le chemin d’Emmaüs. Marie-Madeleine se présente comme la première de ces témoins, la disciple au cœur brûlant d’amour ; puis il y a Pierre, le disciple qui ne court pas très vite, mais qui entre le premier dans le tombeau ; Jean, pour sa part, court vite et son esprit aussi est rapide ! Ayant vu, il comprit que Jésus était ressuscité. Ces détails que l’évangéliste nous transmet sur l’attitude de l’un et de l’autre nous rappellent que derrière le terme générique de disciples, il y a des hommes et des femmes ayant leur tempérament, leur sensibilité, leurs limites et dont chacun a dû accueillir personnellement la nouvelle de la Résurrection. Mémoire, raison, intelligence du cœur, parole du frère… c’est grâce à tout cela que les uns et les autres ont pu avancer dans la compréhension de la Résurrection, et c’est finalement leur témoignage commun qui nous parvient aujourd’hui ! Nous aussi, nous sommes des maillons de cette chaîne de disciples, aux charismes variés, qui devons aujourd’hui accueillir avec foi le message du tombeau vide, parce qu’il contient une force extraordinaire.
Une course de vitesse
A l’annonce de Marie-Madeleine, Pierre et Jean se sont rendus en courant vers le tombeau. Oui, il y a urgence : la bonne nouvelle doit se répandre, afin de consoler les cœurs attristés, de relever ceux qui sont tombés à terre, d’indiquer la direction à ceux qui sont dans le désarroi. La mort est vaincue : que la vie désormais se répande en abondance ! En ce temps de pandémie, où tout semble figé, bloqué (les écoles seront fermées à partir de mardi, s’ajoutant aux nombreux lieux fermés depuis un an pour limiter la diffusion des contaminations), il faut que la bonne nouvelle poursuive sa course ! Il y a autour de nous trop de signes de découragement, de désespoir même. Soyons forts, habités par la lumière du Ressuscité pour avancer ensemble dans la confiance. Soyons attentifs les uns aux autres : attentifs aux enfants, qui ont besoin de liberté sereine pour grandir ; aux jeunes, en manque de relations sociales et dont les études et les projets professionnels sont profondément remis en cause ; attentifs à ceux qui se retrouvent sans emploi, en ce temps de crise ; aux aînés, souvent livrés à eux-mêmes, chez eux comme dans les Ehpad ; aux professionnels de santé, à nouveau en première ligne dans la lutte contre l’épidémie. Ayons une présence chaleureuse les uns à l’égard des autres, à l’image du Ressuscité, qui au jour de Pâques, fit basculer le cœur de ses amis du désarroi à la joie.
Christ est ressuscité des morts ! L’esprit du Mal n’a plus de prise sur nous ; préparons dans la confiance l’avènement de temps nouveaux !