Dimanche 11 avril : dimanche de la Divine Miséricorde. Homélie du Père Philippe Perraud, vicaire
Chères sœurs, chers frères,
L’évangéliste Jean nous reporte au soir de Pâques, et tant de siècles sont passés depuis ce jour jusqu’à aujourd’hui, la mémoire de la Pâques a toujours été célébrée dans l’Église. Ce n’est pas la mémoire d’un passé évanoui. Chaque dimanche, le Ressuscité revient parmi ses disciples et se pose au milieu d’eux. Ils eurent du mal à le reconnaître, comme nous aussi avons tant de fois de mal, occupés que nous sommes par nous-mêmes, par nos pensées, par nos duretés. Jésus ressuscité montre ses blessures, c’est le signe qui ouvre les yeux des disciples ; Jésus ressuscité est marqué des plaies, comme le signifient encore aujourd’hui les nombreux crucifiés de la terre.
Jésus ressuscité garde les plaies, c’est-à-dire qu’il continue à avoir compassion pour tous ceux qui, aujourd’hui encore sont blessés par le mal. Lui, le miséricordieux, se laisse blesser par le cri des pauvres. Il n’y a pas de résurrection sans prendre sur son propre corps les blessures des hommes. Il en est ainsi pour l’Église : une communauté de disciples envoyée par le Ressuscité pour pardonner, soigner, désarmer la violence des cœurs.
C’est la voie de la miséricorde que le Seigneur continue de parcourir sans arrêt. Le Seigneur revient, il est au milieu de nous et parle à cette part de Thomas présente au cœur de chacun de nous. Il commence en redisant la salutation de paix : ” La Paix soit avec vous “.
La Pâques, est la vie qui triomphe du mal, et doit se manifester partout, et en particulier sur ces peuples encore meurtris par la guerre et par la violence, tout comme sur les pauvres dont le nombre continue d’augmenter dans nos villes. Il est urgent de redonner espoir là où prévaut un climat de violence et d’agressivité.
Dieu riche en Miséricorde nous a donné la vie avec le Christ. Nous pouvons dire que le secret de notre vie et notre joie est exactement ici. Le Christ nous a redonné la vie quelque soit notre chemin, notre vie, que nous soyons plus jeunes, ou plus anciens, fatigués ou angoissés, sereins, portés à l’espérance… ce qui importe c’est qu’en chacun de nous se réveille la conscience de l’Amour et de la Miséricorde que Dieu a pour nous. Parce que c’est cela la force qui nous fait revivre, c’est la force qui fait vivre notre monde.
Chères sœurs et chers frères, tout peut changer ! La Miséricorde de Dieu est une force de bien, de bonté qui bouleverse le monde et qui le fait avancer. Le monde a besoin de la révolution de la tendresse et de la Miséricorde. Et l’amitié avec les pauvres nous fait prendre toujours plus de cela et nous nous souvenons avec quel amour Dieu a aimé les pauvres.
Dieu riche en Miséricorde. Le temps de pâques est un temps qui doit être comme une impulsion pour être missionnaire de la Miséricorde de Dieu. Encore trop de gens ne connaissent pas cet Amour immense que Dieu a pour nous et pour le monde. Car il a tellement aimé le monde qu’il a envoyé son Fils. C’est le temps où tout peut changer, mais cela dépend de nous. C’est un temps pour vivre plus profondément et plus authentiquement la Miséricorde de Dieu.
Dieu ne veut pas condamner mais sauver à travers la Miséricorde. Sentons-nous toucher par cette Miséricorde, sentons que la grâce de Dieu prend soin de tout. Il sauve tout, il comprend tout et accueil tout. A Toutes et tous, Dieu donne un avenir. Parce que c’est de la Miséricorde que naît le pardon et que s’ouvrent des chemins nouveaux.
Chères sœurs et chers frères, fixons nos regards sur Jésus ressuscité. Nous y trouverons dans ce visage, son regarde plein d’amour, de tendresse et de Miséricorde. Jésus pause son regard sur chacune et chacun d’entre nous, et est saisi de compassion. Il ne laisse personne au bord de la route. Il nous arrache aux forces du mal, de l’égoïsme, de notre tombeau. Il vient nous libérer, il vient nous porter sur son dos de pasteur. Dieu ne nous oublie pas.
Voilà une année que nous sommes entrés dans cette crise de la pandémie. Qu’avons-nous appris ? Il ne suffit pas dire que c’était une année terrible, ou même dire que c’était une parenthèse traumatisante a effacé. Nous avons découvert ou redécouvert la vulnérabilité qui est propre à l’homme et que nous avons grande peine à admettre. Mais cette pandémie nous a poussé vers une nouvelle saison de l’histoire.
Nous devrons affronter avec courage les causes et les conséquences de cette crise, nous devrons construire une vision nouvelle, un monde nouveau. Un monde qui protège la vie dans toute ces dimensions. Ce monde nouveau nous voulons qu’il soit un monde meilleur, plus juste et plus fraternel. (Pape François). Nous devons être des sœurs et des frères sages, remplis de miséricorde et de tendresse pour les autres. Mettons au centre de notre société le bien commun.
Nous sommes tous dans la même barque. Servir le bien commun, qui au fond, veut dire servir la personne humaine, sa dignité unique doit devenir le centre de notre communauté. Le Pape François, dans son message de la journée mondiale de la paix disait que nous avons besoin d’un chemin commun dans ce monde globalisé mais aussi un chemin humain. Pour cela nous devons nous laisser guider par la boussole de la Parole de Dieu, par la boussole de la fraternité à travers l’amour des pauvres, par la solidarité et le prendre soin.
Ayons confiance en la Miséricorde de Dieu et que le Seigneur puisse nous apprendre l’art de la Miséricorde et comme cela nous serons toujours les témoins joyeux de la Bonne Nouvelle.