Dimanche 9 mai – 6ème dimanche du temps de Pâques : homélie du Père Marc Dumoulin, vicaire
“Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés.”
Chers Frères et Sœurs,
L’amitié n’est-elle pas le bien le plus précieux de notre vie ? Dans la première alliance, Ben Sira déclarait : Un ami fidèle n’a pas de prix, sa valeur est inestimable (Si 6, 15). Interrogeons-nous, qui est-il celui que nous appelons ami, mon ami, notre ami ? De qui dirions-nous qu’il est notre ami, sinon de celui qui garde nos volontés, qui s’en fait le gardien, avec qui nous partageons ce que nous voulons et désirons de plus cher ? Est-il parole plus douce à notre oreille sinon celle qui nous dit : Tu es mon ami ?
Cette parole très douce, le Seigneur la prononce aujourd’hui encore au cœur de ses disciples : Je vous appelle mes amis ; ses disciples, ceux qui le suivent et ceux qui le suivront au long de l’histoire de l’Eglise ; nous qui avons quitté nos maisons aujourd’hui pour nous rendre, ici, en cette église.
Nous rêvions d’un Dieu qui juge, d’un maître autoritaire doté d’une puissance qui nous enserrerait. Or Jésus nous appelle amis, ses amis. Nous sommes ses amis parce que nous écoutons, que nous gardons et que nous faisons ce qu’il nous commande. Ses commandements se condensent en un seul : Aimez vous les uns les autres comme je vous ai aimés.
Aimer comme il nous a aimés, jusqu’au bout, sans autre but que cet amour, en donnant sa vie pour ses amis.
Nous n’en aurons jamais fini de nous laisser surprendre par la puissance amoureuse de Jésus. Il nous déclare : Je vous appelle mes amis. Cet amour nous emmène dans la procession divine : au fondement de tout flamboie l’amour du Père pour le Fils, et cet amour en vient à embraser le cœur du Fils pour consumer tous ceux que le Fils aime, ses disciples qui gardent sa Parole, comme le Fils garde les commandements du Père. Demeurer en cet amour ouvre à la joie parfaite.
L’amour que le Fils reçoit du Père et qu’il transmet aux disciples, à notre tour, nous voilà missionnés pour le communiquer à tous les hommes, à tout homme, notre prochain. Voilà pourquoi le Seigneur demande d’aimer jusqu’à ceux qui ne nous aiment pas et que, à vue humaine, nous ne parvenons pas à aimer : nos ennemis. Car si à leur tour, nos ennemis se laissent réchauffer par cet amour, alors comment resteraient-ils encore nos ennemis ? Ils seront invités, eux aussi, à rejoindre la procession de l’amour divin. Suivre Jésus, c’est répondre à cet appel à devenir l’ami de quiconque, y compris de celui que nous n’aimons pas et qui, pourtant, est appelé à partager notre éternité.
Le disciple du Seigneur aborde tous les autres comme ceux en qui vit cette amitié et l’amitié suscite en eux un nouvel amour. C’est pourquoi nous avons à nous réformer sans cesse et à donner à l’Eglise que nous sommes, le visage de Jésus, le Christ, ami des pécheurs, des publicains, des païens, des samaritains, des prostituées, en qui il veut faire le sanctuaire de sa divinité.
Un prêtre, autrefois dans notre paroisse, disait : le sentiment catholique n’est pas d’exclure, d’entretenir un esprit de secte, mais au contraire de faire tomber tous les murs de séparation afin que tous soient accueillis, (…) que tous soient un seul corps dont Jésus est le chef et la tête.
Jésus a indiqué qui est l’autre à aimer, non avec des mots, mais par des gestes : celui que je rencontre sur mon chemin et qui, par son visage et son histoire, me réclame ; celui qui, par sa présence, me pousse à sortir de mes intérêts et de mes sécurités ; celui qui me désire disponible pour l’écouter et faire un bout de chemin avec lui. Disponible envers quiconque quel qu’il soit et quelle que soit sa situation, en commençant par celui qui est proche de moi, en famille, dans la paroisse, au travail, à l’école…
Si je reste uni à Jésus, son amour ira rejoindre cet autre et l’attirera à lui, à son amitié.
Cela, nous le ferons si nous gardons Jésus en nous. L’Eucharistie que nous sommes appelés à recevoir cisèle en nous le cœur de Jésus et guide notre vie.
Alors, chers Amis, demeurons dans l’amour du Christ et nous grandirons dans l’amour envers tous.
Nous répondrons à son appel.
Amen.