Chers Frères et Sœurs,

Aujourd’hui, toute l’Eglise célèbre la solennité de l’Ascension. En ce 13 mai, nous sommes heureux aussi de nous joindre à nos frères et sœurs de la communauté portugaise si présente dans notre diocèse, pour la fête de Notre-Dame de Fatima, en mémoire de la première apparition de Marie auprès de trois petits bergers à qui elle adressa, en 1917, un message de paix et de miséricorde, alors que se déchaînait un conflit des plus meurtriers de l’histoire. Comment ne nous rappellerions-nous pas encore que voici quarante ans, le pape Jean Paul II était victime d’un attentat dont par grâce il fut sauvé, pour conduire ensuite un pontificat qui marquerait l’histoire de l’Eglise et du monde ?

Aujourd’hui, nous célébrons l’Ascension du Seigneur. Ecoutons, une nouvelle fois et avec attention, l’invitation qui nous est adressée à chaque Eucharistie. Après avoir présenté le pain et le vin, le célébrant dit cette parole : Élevons notre cœur. Élevons notre cœur, nous le tournons vers le Seigneur. Le Seigneur fut élevé au ciel, il y fut enlevé. A notre tour, l’Eglise nous invite à élever notre cœur et à nous élever vers le Seigneur, comme il fut enlevé au ciel, comme si à chaque Eucharistie, nous étions invités à accompagner son Ascension.

Nous nous tromperions cependant si, comme les Apôtres, nous restions, à regarder le ciel. Le ciel, dans l’Ecriture, n’est pas d’abord un lieu géographique ou cosmique, mais plutôt ce séjour où s’accomplit en plénitude le royaume de Dieu, le royaume des Cieux, le Royaume.

Le Seigneur Jésus fut enlevé au ciel, mais cela ne s’est pas produit sans que d’abord il se fût adressé aux Apôtres. Il leur a parlé du Royaume, un Royaume que tout au long de sa vie terrestre, il aura annoncé comme étant parmi nous, pas encore là et pourtant déjà-là. Tout au long de notre propre vie, il nous invite désormais nous aussi à le proclamer et à l’édifier.

En quoi consiste-t-il, ce Royaume ? L’Evangile le dit avec clarté : d’abord proclamer l’Évangile, non seulement à tous les hommes, mais aussi à toute la création : la terre, la mer, les plantes et les animaux. Une invitation à laquelle François d’Assise aura littéralement répondu. Le pape François s’en fait aussi l’artisan quand, dans Laudato’si, il nous invite ardemment à prendre soin de la création tout entière.

Vivre le Royaume, c’est proclamer l’Évangile pour y croire. Être baptisé pour être sauvé. C’est aussi, au nom du Seigneur, expulser les démons : démons de la peur, du repli sur soi et des égoïsmes. Et encore, parler des langues nouvelles et se faire entendre de tous ceux qui parlent d’autres langues que la nôtre ; découvrir et adopter de nouveaux langages et de nouvelles cultures pour témoigner du Royaume. Ne craindre ni les serpents ni les poisons dont les maux ne seront jamais plus puissants que la grâce promise pour le Royaume. 

Dieu, en Jésus, s’est fait pour nous Fils de l’homme, pour qu’avec lui, nous, les hommes, nous devenions fils de Dieu.

Observons-le : l’Évangile dit que Jésus fut enlevé au ciel et qu’il est assis à la droite de Dieu. Il ajoute aussitôt : le Seigneur Jésus travaillait avec eux, les Apôtres. A mesure dont Jésus s’est assis près du Père dans le ciel, à mesure, nous, disciples de ce temps, nous avons mission de nous rapprocher de nos frères, les hommes, pour proclamer l’Évangile à toute la terre.

Jésus en son incarnation a rapproché le ciel de la terre. Par son Ascension, il raccorde la terre au ciel. Pour accomplir sa mission et travailler avec nous, il nous désire, il a besoin de nous et que nous nous fassions, nous aussi, les Apôtres de la Bonne Nouvelle. Il nous la confie comme à ses Apôtres.

Frères et Sœurs, soyons ces Apôtres et les témoins émerveillés des signes qu’il nous envoie. Cessons de regarder le ciel.

Par toute la terre, partageons et proclamons la Bonne Nouvelle du Royaume.

Amen, Alléluia !