Dimanche 23 janvier, fête de la Parole de Dieu : messe d’action de grâce pour les 60 ans d’ordination du Père Auneau
Homélie prononcée à cette occasion par le Père Joseph Auneau
Nous venons d’acclamer la Parole de Dieu, une Parole dans un livre, ce livre qui contient les lectures proposées aux assemblées chrétiennes chaque dimanche et à toutes les solennités, ce livre qui, en lien avec l’autel, tient une place centrale dans nos assemblées. Autrement dit, Parole à rechercher dans une Ecriture, pour que cette Ecriture devienne Parole en chacune de nos vies. Les lectures que nous venons d’entendre nous y préparent en nous suggérant trois clés principales d’appropriation.
Saint Luc nous fournit la première clé quand il énonce d’emblée son projet : recueillir avec précision les informations concernant ce qui s’est passé, écrire un exposé suivi, rendre compte de la solidité des enseignements entendus. Le chemin peut être difficile, et il se trouve dans la Bible des passages difficiles, voire déroutants, héritiers de cultures qui nous sont pour la plupart étrangères. Mais nous sommes sûrs du sérieux et de la compétence des auteurs bibliques qui nous ont transmis toutes ces traditions dans le but de nourrir notre foi. Cette clé nous ouvre la porte de la confiance et de ce bien précieux qu’est le goût des Ecritures.
La deuxième clé, nous la devons au prêtre Esdras, lors de l’instauration solennelle de la Torah, la Loi de Dieu. C’est la clé de la compréhension : « Esdras lisait un passage dans le livre de la loi de Dieu, puis les Lévites traduisaient, donnaient le sens, et l’on pouvait comprendre. » Proclamation en hébreu, la langue sacrée, traduction en araméen, la langue du peuple. La Parole de Dieu est donnée pour être comprise par tous, à toutes les époques et dans toutes les cultures. Il est traditionnel de traduire et d’expliquer pour que la Parole soit comprise, depuis les traductions plus anciennes, araméennes, grecques, latines, jusqu’au travail de ces missionnaires qui arrivant dans un pays inconnu commence par apprendre la langue du pays et se mettent à traduire la Bible pour le peuple. La traduction, comme la tradition, est transmission.
A Jésus revient le primauté de nous remettre la troisième clé, lorsque, citant le prophète Isaïe à la synagogue de Nazareth, il proclame : « L’Esprit du Seigneur est sur moi ». Jésus est le premier interprète des Ecritures. Pour les disciples d’Emmaüs, partant de Moïse et de tous les prophètes, il interpréta dans toute l’Ecriture ce qui le concernait. Interpréta, non pas répéta seulement. Et Jésus ressuscité nous a envoyé l’Esprit Saint pour nous conduire sur le chemin de la Vérité. L’Esprit était présent quand les auteurs bibliques écrivaient, Il est aussi présent chez les traducteurs et les interprètes, somme toute des croyants s’adressant à d’autres croyants. Il est présent en chacune et chacun d’entre nous dès que nous ouvrons le livre de la Parole, pour une rencontre vraie avec le Seigneur, à la recherche de la Lumière pour éclairer nos vies. Que ce soit à titre personnel ou en groupe, n’oublions pas d’invoquer l’Esprit Saint chaque fois que nous ouvrons le livre de la Parole.
Avec Jésus un seul mot pour conclure : Accomplir ! « Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Ecriture que vous venez d’entendre ». Accomplissement qui n’est ni d’hier ni de demain, mais bien d’aujourd’hui. Acomplissement qui donne la première place à la Parole, comme saint Paul vient de nous l’indiquer. Quand il dit « premièrement des apôtres, deuxièmement des prophètes, troisièmement ceux qui ont charge d’enseigner », il ne distribue ni prix ni accessit. Il met en exergue le dénominateur commun de ces trois ministères : le service de la Parole, service que chacun est appelé à exercer suivant la grâce qui lui est donnée. Et s’il y a un dernier souhait à formuler, je l’emprunterai à saint Jean et au symbole de Nicée-Constantinople : « Le Verbe s’est fait chair », « le Verbe s’est fait homme ». Qu’aujourd’hui, la Parole prenne chair en chacune et chacun d’entre nous, et dans notre communauté !
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