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L’espérance ne déçoit pas

L’espérance ne déçoit pas

Extraits de la déclaration du Conseil permanent de la CEF à l’occasion de l’année électorale 2022

L’année 2022 sera marquée dans notre pays par les élections présidentielles et législatives. Ces échéances électorales sont une occasion de débattre et de discerner dont les catholiques ne sauraient se désintéresser. (…)

La crise du coronavirus souligne avec brutalité les fragilités humaines et spirituelles de notre société mais aussi sa grande capacité de rebond et de créativité. Il y a en elle beaucoup de violences latentes qui s’expriment parfois malheureusement en paroles et en actes. (…) Nous ne pouvons pas nous laisser enfermer dans l’amertume ou le découragement. Notre foi chrétienne nous pousse à affirmer et à reconnaître les capacités de justice et de paix présentes dans le cœur humain. (…)

Nous appelons donc de nos vœux un débat préélectoral qui permette une rencontre franche et respectueuse des idées et des programmes, afin d’aboutir à une décision électorale qui pourra être accueillie par tous et porter du fruit à long terme. De ce point de vue, si la décision de voter blanc peut avoir du sens, s’abstenir de voter est un manquement à la responsabilité qui incombe à chacun à l’égard de tous : assumer cette responsabilité est un devoir qui demeure même dans des institutions toujours imparfaites et toujours perfectibles. (…)

Les chrétiens savent également que la justesse éthique et la justice sociale vont de pair et qu’il n’est jamais légitime ni fécond de choisir l’une au détriment de l’autre ou d’imaginer préserver l’une en sacrifiant l’autre. Le bien commun est un tout complexe dont on ne peut se satisfaire de privilégier une dimension en négligeant les autres. Un des apports possibles des chrétiens à la réflexion commune est précisément la prise en compte attentive de « tous les hommes et de tout l’homme », de la richesse globale des personnes et de la société à préserver et à promouvoir.

Le premier confinement a été scandé par le souci de « sauver des vies », au risque d’oublier parfois que toute personne humaine a besoin de relations d’amitié et d’affection mais également de nourrir la dimension spirituelle de sa vie. Pour les chrétiens, la grandeur d’une société est d’aider tous ses membres à respecter la vie et la dignité de tous et en particulier des plus fragiles. Comment ne pas être étonnés et profondément attristés de voir se conjuguer parfois, de façon totalement contradictoire, la tentation de l’euthanasie avec une certaine surenchère sanitaire. La voie authentiquement humaine (…) exige le respect et l’accompagnement attentif et bienveillant de chaque personne à tous les stades de son existence. (…)

Respecter la vie humaine revient donc à prêter vraiment attention à autrui. Le repli sur soi ne mène ni à la paix, ni au bonheur. Collectivement, nous avons besoin de retrouver et de développer le sens de l’amitié civique, de la confiance et de la bienveillance. Aucun d’entre nous ne vit de manière autonome. Nous dépendons les uns des autres comme la crise sanitaire nous l’a de nouveau rappelé. (…)

La communauté humaine n’est pas une création du politique mais elle lui préexiste : le politique est au service de cette communauté et lui permet d’accomplir ce pour quoi elle est faite. Les chrétiens n’attendent pas tout de la politique et les politiques doivent se garder de promettre plus qu’ils ne sont en mesure d’offrir. (…) La paix et la justice sociale dépendent pour une bonne part de l’engagement et des initiatives (culturelles, économiques, sociales, éducatives, associatives…) de tous les citoyens. Il ne s’agit pas donc pas d’attendre trop des pouvoirs publics, ni pour les politiques de surenchérir dans les promesses : les citoyens ne peuvent pas se défausser sur l’Etat des responsabilités qui leur reviennent en propre.

Parmi les libertés fondamentales, le Conseil d’État l’a rappelé récemment à plusieurs reprises, figure la liberté religieuse. La « laïcité à la française », structurée par une jurisprudence qui a toujours promu le respect, l’équilibre et le dialogue, ne peut être sacrifiée sur l’autel de la peur. (…)

La rencontre des croyants de différentes religions, à laquelle concourt la laïcité de notre société française, est une chance pour notre avenir social commun. Les croyants peuvent trouver dans leur religion les motifs profonds et larges d’un engagement réel dans la vie sociale et pour le bien commun, dans la sobriété de vie et le respect mutuel. La loi commune qui respecte la liberté de conscience de tout citoyen est la leur. Ils l’observent mais participent aussi à son élaboration qui peut passer parfois par sa contestation. (…) La foi en un Dieu unique, Créateur de tous les hommes, fait grandir la conviction d’une unique humanité appeler à une destinée commune.

La crise climatique qui menace la vie sur notre planète appelle une transformation écologique. Le monde occidental a créé depuis la révolution industrielle une société d’abondance, voire de surabondance, dont le moteur est devenu la consommation. Le confinement du printemps 2020 nous a fait découvrir non seulement l’urgence d’une évolution de notre système de production et de nos modes de consommation mais aussi la possibilité d’un autre mode de vie, plus sobre, moins centré sur la consommation mais faisant toute leur place aux relations interpersonnelles. Le pape François y avait exhorté dès juillet 2015 par son encyclique Laudato si’. (…) Au moment où les élections offrent la possibilité de définir un nouveau projet collectif, il doit être clair qu’il ne suffit pas d’améliorer notre système de production et notre manière de consommer : il s’agit de travailler à les transformer profondément (…).

Nous, catholiques, ajoutons que l’écologie doit être intégrale. Elle ne comprend pas seulement l’environnement de l’humanité, mais aussi la manière dont l’humanité se traite elle-même.

En tant que catholiques, nous sommes convaincus que la destinée de chacun concerne l’humanité entière. La mondialisation économique et culturelle en cours appelle de la part de tous un effort créatif pour que le respect des histoires, des cultures et des personnes l’emporte sur les logiques d’affrontements ou de déstructuration. La construction européenne, si emblématique d’un combat remporté contre les tentations d’affrontements et de guerre, doit être constamment revue pour ne pas tomber dans l’impuissance, la dérive libertaire, l’excès technocratique, au risque de contribuer à susciter des replis nationalistes.

Les appels prophétiques du pape François en faveur des personnes migrantes engagent les sociétés les plus développées à adopter des comportements d’humanité et de générosité. (…) Avec d’autres, les chrétiens doivent s’engager dans la prise en compte politique des questions de paix, de respect des droits de l’homme et de solidarité internationale et contribuer à en faire un enjeu électoral de premier plan. Nous rejoindrons ainsi le souhait du pape François « qu’en cette époque que nous traversons, en reconnaissant la dignité de chaque personne humaine, nous puissions tous ensemble faire renaître un désir universel d’humanité. » (…)

Quelle place faisons-nous collectivement à ce qui édifie l’homme et notamment à la gratuité au sens du service et à la vie spirituelle ? L’homme ne vit pas seulement de pain et n’est pas qu’un producteur et un consommateur. Pour nos enfants, il importe que nous puissions vivre dans une société où le calme, la contemplation, le don, la gratitude aient aussi le droit de cité. (…)

Nous traversons des temps rudes et périlleux. Les échéances qui approchent seront cruciales. Mais la peur est toujours mauvaise conseillère. C’est l’espérance qui ouvre le chemin des choix courageux et salutaires. Dans la foi, nous savons que « l’espérance ne déçoit pas parce que l’amour de Dieu est répandu dans nos cœurs. » (Rm 5,5) Voilà qui nous encourage et nous oblige à un amour qui « se donne de la peine » et a une espérance qui « tienne bon. » (cf. 1Th 1,3)

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