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Dimanche 22 mars – 4ème dimanche du carême

Dimanche 22 mars – 4ème dimanche du carême

Vous pouvez retrouver tous les textes et les prières de la messe du 22 Mars- 4ème Dimanche du Carême

Homélie du Père Jérôme

En ce temps marqué par la terrible épidémie du coronavirus, qui a déjà fait tant de victimes, en Chine, en Italie et aussi dans notre pays, la liturgie nous propose un récit de guérison. Un aveugle de naissance, qui se trouvait à proximité du temple de Jérusalem, sur le chemin de Jésus, a retrouvé la vue ! Il s’agit d’un grand miracle, même si la description qu’en fait saint Jean est pour le moins déroutante. Jésus a appliqué de la boue sur les yeux de l’aveugle. Il a envoyé ce dernier à la piscine de Siloé – lieu où se lavaient de nombreux malades – et là-bas, cet homme a retrouvé la vue.

Tout ceci est un peu trop simple, pensent les contradicteurs de Jésus. Dans cet Evangile, il y a de nombreuses personnes qui sont prêtes à tout – et qui ouvrent une pseudo-enquête – pour démontrer que la guérison n’a pas eu lieu ! Le témoignage de l’intéressé, les propos de ses parents n’importent guère pour les opposants de Jésus. Pour eux, l’affaire est classée. Il s’agit d’une supercherie.

Un miracle, c’est possible ?

De nos jours aussi, beaucoup trouveront que cette histoire est beaucoup trop simple… et cela, même chez les chrétiens. Il y a en a qui n’aiment pas trop les miracles (car c’est irrationnel !) et qui préfèrent évacuer la question en considérant que ces passages de l’Evangile – difficiles à comprendre – ne doivent être interprétés que de façon symbolique. Il n’en demeure pas moins qu’un homme, qui était malade de naissance a été guéri.  Il l’atteste lui-même : « c’est bien moi », « j’étais aveugle et à présent je vois ! »

De nos jours encore, l’incrédulité et la suspicion sont très répandues. Nous le constatons tous les jours, surtout depuis l’irruption du coronavirus au cœur de nos préoccupations.Des fake news, des rumeurs circulent à grande échelle, pour instiller de fausses idées, déformer la réalité. Certes, la situation est très complexe. Nous n’étions pas préparés à vivre cette épidémie. Les scientifiques eux-mêmes n’y voient pas bien clair, ils étudient la question. Certains de nos contemporains, plutôt qu’affronter la réalité, certains préfèrent se réfugier derrière des interprétations simplistes et erronées. Ils n’ont pas la patience nécessaire pour comprendre.

Avancer patiemment vers la vérité

C’est bien le problème des opposants de Jésus : la vérité de la guérison blesse leur orgueil, elle ferait chanceler leur autorité supposée. Ils préfèrent s’en prendre violemment à l’homme guéri, plutôt que se réjouir avec lui de sa guérison. Cet homme, pourtant, n’avait pas fait beaucoup de tapage autour de sa guérison miraculeuse. Au contraire, il avait manifestement besoin de mieux comprendre ce qui lui est arrivé. L’aveugle avait rencontré Jésus de façon inattendue, il ne le connaissait pas bien. Paradoxalement, la controverse avec les pharisiens l’aide à prendre conscience de ce qu’il a vécu. L’hostilité des pharisiens contribue à forger la foi de l’aveugle guéri. Cette grâce qu’il a obtenue ne peut venir que de Dieu. A Jésus, qui l’interroge, il répond « je crois » !

Cet homme a suivi le chemin patient de la foi ; il a fait ce que Jésus lui commandait, sans rechigner. Il a écouté son cœur… il nous montre l’exemple. Nous aimerions tout comprendre rapidement, nous aimerions que Dieu se révèle à nous de façon plus directe, plus éclatante… mais il nous faut, comme l’aveugle, nous laisser éclairer peu à peu par la douce lumière de Jésus. Il nous faut apprendre « la patience de la foi ».

Dans l’Evangile, Jésus dit à plusieurs reprises : « Vous comprendrez plus tard ». Cela suppose d’accepter de faire du chemin avec Lui, d’accueillir progressivement sa lumière.

Conversions

La crise que nous vivons actuellement, et qui s’inscrit dans notre temps du Carême (mais qui se prolongera certainement bien au-delà… nous risquons cette année de vivre un long, très long Carême … et de célébrer Pâques à la Pentecôte !), cette crise que nous traversons nous invite à la conversion (ou plusieurs conversions).

Tout d’abord une conversion à la patience. Dieu seul sait quand nous pourrons retrouver notre liberté d’aller et venir, quand nous pourrons reprendre nos activités habituelles. Nous voilà devenus pauvres. Nous qui pensions être maitres de nos vies, mais sommes contraints de vivre dans l’attente et l’incertitude. Demandons aujourd’hui au Seigneur de nous enseigner la patience !

Une conversion au prochain. Le virus qui nous affecte nous redit – de façon dramatique – que notre monde est devenu un village. Dresser des murs ou des frontières est inutile. Nous sommes vraiment tous dans la même barque. Et les mesures de confinements qui nous sont imposées ne visent pas à nous protéger des autres, mais à nous protéger les uns les autres. Il est important de redécouvrir la notion du « prochain », que Jésus nous demande d’aimer. Déjà, dans l’épreuve que nous traversons, beaucoup de propositions d’entraide ont été exprimées. Nous pouvons aller plus loin. Il n’y a pas de confinement pour la charité !

Une conversion à la prière. Tandis que nous sommes chacun chez nous, que notre ville est plongée dans un grand silence… Dieu est présent. Habitons le silence qui plane sur notre ville en nous tournant vers Dieu dans la prière. Confions-lui tous ceux qui nous sont chers et à qui nous ne pouvons pas rendre visite ; confions lui les malades, les médecins et tous les profesionnels de santé ; demandons-lui aussi d’éclairer nos cœurs, afin de mieux comprendre comment vivre ce temps.

Oui, tandis que notre monde est plongé dans les ténèbres, invoquons de Dieu sa lumière, afin d’accomplir, avec l’aveugle de naissance, un pas supplémentaire dans la foi !

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