Dimanche 28 février – 2ème dimanche du carême. Homélie du Père Philippe Perraud, vicaire
Chères sœurs, chers frères,
Jésus aussi, gravit la montagne, comme l’avaient fait avant lui Abraham, Moïse, Élie et comme le fait chaque croyant. Jésus éprouva le besoin de gravir la montagne pour s’entretenir avec son Père. La communion avec le Père était toute sa vie, le pain de ses journées, la raison d’être de sa mission, le cœur de tout ce qu’il était et de tout ce qu’il faisait ; et Jésus avait besoin de vivre ce rapport intime dans sa plénitude. Son exemple interroge fortement les croyants d’aujourd’hui. Si Jésus en avait besoin, combien plus nous en avons besoin, nous !
Le mont Tabor fut un de ces moments très particuliers de communion, auquel l’Évangile invite toute l’histoire du peuple d’Israël, comme en témoigne la présence de Moïse et d’Élie qui ” s’entretenaient avec lui “. Mais Jésus ne vécut pas seul cette expérience ; il voulut y associer ses trois amis les plus intimes. Et nous sommes, comme l’Evangile de Marc nous montre, prit par Jésus qui prit avec lui, Pierre, Jacques et Jean à l’écart. Après ces quelques jours du début du carême, Jésus nous prend par la main et nous conduit sur la montagne de cette liturgie. Jésus est le centre de notre assemblée, de notre communauté. Nos yeux, nos cœurs sont tous tournés vers l’autel, table du sacrement de la fraternité, de l’amitié et sont attentifs à la présence du Seigneur, de sa voix qui enveloppe notre célébration.
Le Seigneur est illuminé, d’une lumière forte. Chères sœurs et chers frères, c’est ce qui arrive dans nos célébrations, dans la prière commune. Dans la prière, c’est le Seigneur qui nous transfigure, c’est lui qui agit pour transformer nos cœurs. En nous réunissant pour la prière, nous entrons dans ce dialogue spirituel que l’évangéliste Marc nous donne de voir dans la scène de la transfiguration : Jésus parlant avec Moise et Elie et puis l’intervention du Père et à la fin, les paroles de Pierre. Lorsque nous sommes réunis dans une prière commune, lorsque nous écoutons la Parole, quand nous chantons le psaume et invoquons le Seigneur, nos cœurs, nos visages, notre manière d’être là- présent, sont transfigurés. Nos vies rayonnent d’une lumière nouvelle.
Sur cette montagne de la liturgie, de la prière, nous sommes aidés par le Seigneur à tourner nos yeux vers l’autel et non à nous regarder nous-même.
A suivre les écritures, à contempler le visage du Christ. Oui, chères sœurs et chers frères, en contemplant, nous tous, le visage du Christ, nous sommes tous, transfigurés en un seul peuple. Nous tous, sommes transfigurés par Jésus afin que les traits du visage de Jésus soient aussi les nôtres. La transfiguration, nous rend plus semblable à Jésus. La transfiguration nous illumine par son Amour, par sa Passion. Oui, nous transfigurons notre vie mais aussi celle du pauvre, les vies dramatiques des peuples écrasés par la guerre et par la faim. On pourrait dire que tout part de Jésus, de la liturgie, de la prière quotidienne.
C’est pourquoi la présence, notre présence ici, dans notre maison commune à la prière, à liturgie est décisive pour être transfiguré et pouvoir dire avec l’apôtre : « ce n’esst plus moi qui vit, mais c’est le Christ qui vit en moi ». Marc, nous le rappelle dans le passage qui clôt la scène de la transfiguration, quand il écrit :
« Les trois à la fin de la vision ne virent personnes sauf Jésus seul avec eux ». Ces trois là n’avaient besoin de rien d’autres que la présence de Jésus dans leur vie. Oui, l’Eglise, notre communauté n’ont besoin de rien d’autre ! Le Christ suffit. La mission des disciples est de communiquer le Christ, sa Parole. Car seule la Parole, le Christ transfigure le monde et nos cœurs.
Marc note après la transfiguration raconte que les disciples qui étaient rester dans la plaine, n’avaient pas pu guérir le jeune épileptique. Il ne suffit pas de faire seulement parti du groupe. Il faut être transfigurés. Chères sœurs et chers frères, cette page de l’Evangile met sur nos lèvres les paroles de Pierre : « Qu’il est beau d’être là pour nous ». Il est bon d’être ici sur le Tabor qui nous transfigure en un seul peuple, en une seule famille qui ne connait pas de frontière.
Il est beau d’être ensemble avec les jeunes, les personnes âgées, les pauvres, les réfugiés, les enfants, les malades, les prisonniers, qui a travers nous sont transfigurés, eux aussi accueillit dans un peuple ! Parce qu’ils sont aimés et accueillis. C’est la joie que le Seigneur nous fait vivre même dans cette période difficile de la pandémie en rencontrant tant de gens et en les consolant par l’Amour même de Jésus.
Oui, nombreuses et nombreux celles et ceux qui attendent notre présence, notre consolation, notre aide ! En ces jours de carême, ne détachons pas nos yeux du visage transfiguré du Christ. Ne cessons pas d’écouter les Paroles du Christ et de servir les pauvres, les malades. Ce sera la transfiguration quotidienne. Jésus lui-même dit à ses disciples : « Que votre lumière brille ainsi devant les hommes afin qu’ils voient vos bonnes œuvres afin qu’ils rendent gloire à votre Père qui est aux Cieux ».
La lumière vive de la Transfiguration affirme la vie, une lumière qui brille dans le carême pour garder espoir et confiance. Cette lumière dit une promesse que Dieu est ici, que Dieu est la vie.